Bonjour et bienvenue sur ce nouveau blog qui regroupe désormais l'ensemble de mes écrits passés. A présent, j'espère bien pouvoir l'enrichir de temps à autre de textes inédits. Vous trouverez dans le menu de droite deux catégories : les nouvelles et les ateliers d'écriture. Après, il n'y a pas d'ordre de lecture particulier donc, si mes textes ne sont pas trop mauvais, faites-vous plaisir !
Je le dis à chaque fois : cet espace est aussi le vôtre. Vos retours sont importants pour me permettre de progresser et de persévérer.
Bonne visite et à bientôt !

Lumières

La petite fille sentit les larmes monter en elle lorsqu’elle passa pour la troisième fois devant le même croisement. Il était tard et l’obscurité commençait à l’envelopper. Elle était bel et bien perdue. Plus la nuit descendait, plus les arbres qui l’entouraient lui semblaient effrayants. Et immenses en rapport de sa toute petite taille. Elle s’assit au pied de l’un d’eux et sanglota doucement. Elle devait arrêter de marcher, pensa t-elle. Son papa se mettrait bientôt à sa recherche. Elle ne devait plus bouger, et simplement attendre. Il finirait bien par arriver. Il connaissait la forêt comme sa poche. Cette pensée la réconforta mais ça ne dura pas. Elle résista néanmoins à l’envie de reprendre sa fuite en avant et resta donc là, apeurée et grelottant. Il ne faisait habituellement pas très froid en cette saison mais les températures s’étaient pourtant considérablement rafraîchies en ce début de mois de septembre. Mais c’était surtout sa propre peur qui la faisait frissonner.
Elle hoqueta entre deux sanglots, enveloppée par les ténèbres de cette nuit sans lune.

Lorsqu’elle se réveilla, elle était toujours au pied de son arbre, allongée cette fois-ci. Elle n’aurait pas pu dire combien de temps elle avait pu dormir. Quelques minutes ? Quelques heures ? Elle se frotta les yeux d’où les larmes à présent séchées avaient beaucoup coulé.
Mais elle n’était plus seule et elle sursauta lorsqu’elle entendit :
-Brrr… C’est vrai qu’il fait vraiment frisquet ce soir ! Vivement demain que je puisse me réchauffer au soleil !
La voix, celle d’une femme lui sembla t-il, semblait venir du sol et la fillette sentit la panique l’envahir. La voix dut le sentir car elle se fit plus apaisante :
-N’aie pas peur petite fille ! Tu n’as rien à craindre de moi. Mais ne t’enfuis surtout pas car je suis toute petite et tu pourrais m’écraser sans le vouloir.
L’enfant renifla bruyamment mais la voix avait réussi à piquer sa curiosité. Curieusement, et sans l’expliquer (L’aurait-elle pu seulement ?), elle se sentait en sécurité. Une sécurité toute relative car le milieu restait hostile et surtout désespérément sombre.
-Regarde-moi, je suis juste devant toi, sur l’herbe. Si tu regardes un peu mieux, je suis sûr que tu me verras apparaître !
L’enfant se frotta les yeux puis regarda longuement devant ses pieds. Au début, elle ne put distinguer quoi que ce soit. Seulement l’obscurité la plus noire. Puis au bout de quelques secondes qui lui semblèrent interminables, elle vit une petite lumière verte éclairer faiblement quelques brins d’herbe devant elle.
-Oooh ! Un véruisant ! s’exclama t-elle.
La voix éclata de rire devant la gamine qui ne devait pas avoir plus de quatre ans.
-Exactement ma puce, un « véruisant » comme tu dis ! Tiens, rapproche toi de moi et prends moi tout doucement dans tes mains, tu veux bien ?
La petite fille fit preuve d’une délicatesse étonnante pour son âge, elle qui manipulait pourtant sans aucun ménagement les nombreuses poupées et autres peluches qui tapissaient la couette du lit de sa chambre. C’est avec une extrême douceur qu’elle enveloppa la luciole de ses deux mains, rapprochant de plus en plus la petite lumière verte de ses yeux écarquillés. L’insecte était à présent à sa hauteur.
-Merci ma chérie ! Tu comprends, je ne vole pas alors au bout d’un moment, j’ai un peu mal aux pattes et…
La luciole s’interrompit en apercevant le large sourire de la fillette qui ne la quittait pas des yeux, comme fascinée. L’enfant n’avait plus peur maintenant et, ne pensant plus aux ténèbres, elle avait aussi beaucoup moins froid.

Elle était aussi de plus en plus curieuse et commença à pointer un doigt en direction de sa nouvelle amie. Un doigt énorme qui arrivait dans sa direction à toute vitesse.
-Euh… Je préfère pas, ma puce… je suis très fragile et ma lumière pourrait s’éteindre si tu me touches, tu comprends ?
La fillette ne répondit pas et sembla réfléchir. Mais le doigt arrêta sa course puis repartit dans le sens opposé pour finir dans la bouche de l’enfant qui fixait toujours aussi intensément cette lumière verte. Aussi infime fut-elle, cette lueur suffisait à la rassurer. Alors pas question qu’elle s’éteigne.
-Dis-moi ma puce, tu n’arrives plus à retrouver ton chemin pour rentrer chez toi, c’est ça ?
La petite fille frissonna de nouveau. La luciole comprit alors qu’elle ne devait pas laisser la panique se réinstaller chez l’enfant :
-Ecoute ! Je connais cette forêt comme nul autre ici. Si tu veux bien continuer à me porter délicatement, je peux te ramener chez toi. Je te dirai quelle direction prendre et te préviendrai en cas de souci, tu veux bien ?
Elle lui répondit en lui offrant son plus beau sourire. Elle n’était plus seule et surtout, avec sa nouvelle amie aux reflets verdâtres, elle n’avait plus de raison d’avoir peur. Bientôt, elle retrouverait sa maman, son papa et sa grande sœur. Elle retrouverait les lumières de sa maison, si apaisantes, si familières.
C’est ainsi qu’elles se mirent en route, une traînée verte semblant se disperser derrière elles. L’obscurité les enveloppait toujours mais semblait s’ouvrir sur leur passage. Elles progressaient certes doucement mais sûrement. La luciole lui parlait très souvent, pour la sécuriser et l’enfant buvait ses mots, ne cessant de la regarder avec ses yeux grands ouverts.

La fillette se mit soudain à courir, tout en veillant malgré tout à prendre grand soin de sa nouvelle amie toujours blottie dans le creux de ses mains. La quasi obscurité de la forêt avait soudainement fait place à une lumière jaune et franche, une lumière qu’elle connaissait par cœur. Celle du réverbère qui se tenait au coin de sa rue. Une lumière qui l’enveloppa toute entière d’une aura apaisante et bienfaitrice. Seuls quelques mètres la séparaient désormais de sa maison. Elle vit un attroupement devant chez elle et reconnut certains de ses voisins. Malgré son très jeune âge, elle comprit qu’elle devait en être la cause et décida qu’il était temps de rentrer chez elle.
Elle observa une dernière fois son amie dont la lumière verte lui paraissait désormais bien pâle en comparaison avec celle du réverbère. Puis elle la posa avec une infinie délicatesse sur le sol.
-Merci véruisant ! Merci beaucoup, beaucoup ! La fillette souriait mais la luciole la sentit triste. Elle-même se sentait un peu « tout chose ». L’enfant se baissa et eut cette réflexion qui émut beaucoup l’insecte :
-Je t’aurais bien emmenée à ma maison mais je crois que tu dois avoir toi aussi un papa et une maman qui t’attendent.
La luciole, qu’une forte émotion submergeait soudain, n’eut pas le temps de répondre. La petite fille s’était déjà redressée et courait à présent vers le groupe de personnes devant sa maison.
-Merci ma puce, dit-elle dans le vide. Elle resta là, seule, de longues minutes, profitant de la chaleur du réverbère puis s’en retourna à son tour chez elle. Elle disparut progressivement dans le froid et la noirceur du bois et sa lumière verte ne fut bientôt plus qu’un infime point qui disparut à l’horizon.



Obscurité des lieux, obscurité de la vie, zones d’ombres… mais toujours quelques lumières, plus ou moins diffuses, plus ou moins vives ou chaleureuses. Mais des lumières quand même qui, coûte que coûte, entretiennent l’espoir même dans les moments difficiles.
Que tous ceux qui peinent actuellement à trouver la lumière prennent ici, au travers de cette courte nouvelle sans prétention ni réelle originalité, toute celle dont ils ont besoin. Et qu’ils s’abreuvent de sa chaleur sans compter…

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