Bonjour et bienvenue sur ce nouveau blog qui regroupe désormais l'ensemble de mes écrits passés. A présent, j'espère bien pouvoir l'enrichir de temps à autre de textes inédits. Vous trouverez dans le menu de droite deux catégories : les nouvelles et les ateliers d'écriture. Après, il n'y a pas d'ordre de lecture particulier donc, si mes textes ne sont pas trop mauvais, faites-vous plaisir !
Je le dis à chaque fois : cet espace est aussi le vôtre. Vos retours sont importants pour me permettre de progresser et de persévérer.
Bonne visite et à bientôt !

Atelier 5

Allez, une fois n'est pas coutume, je vous balance les consignes d'entrée de jeu ! 

"Choisir 3 lieux spécifiques de ton enfance qui gardent une valeur particulière dans ton souvenir. Les décrire en quelques lignes. Ensuite, raconter pour ces lieux une histoire anecdotique, un récit qui s'y rattache en y impliquant le lecteur."

Voilà, voilà, voilà... On y va ?

Ami lecteur (Hannibal ?), je ne te cache pas qu'il est bien difficile pour moi de choisir trois lieux spécifiques de mon enfance. Déjà, en trouver trois n'est pas simple. Je ne saurais expliquer pourquoi, cela a toujours été un mystère, mais j'ai finalement assez peu de réminiscences de mon enfance. Des flashs, quelques moments gravés, mais pas de souvenirs à la pelle comme ma femme, par exemple, pourrait en avoir. Je me demande souvent si "ma bulle" que je revendique à tout-va ne résulte pas d'une enfance que je n'aurais pas assez vécue, trop occupé à combler des manques plutôt que de profiter pleinement. Mon enfance n'a pas été malheureuse mais, à moins de ne pas en avoir conscience, je n'en ai pas retiré grand chose. Je n'en ai pas beaucoup de nostalgie. Paradoxal quand on sait que je suis quelqu'un de nostalgique par ailleurs. Va comprendre...

Heureusement, des lieux incontournables, il y en aura eu quelques-uns. Assez pour que je puisse m'acquitter de cet exercice périlleux émanant de l'esprit tordu de ce maître Christian que tu as appris à connaître au fil des semaines, cher lecteur. Tiens, puisque nous en sommes à parler de mon ami Christian, cela tombe bien. Car s'il y a eu un endroit dans lequel l'enfant que j'étais aura baigné, c'est bien la maison qu'il occupait avec sa maman. J'y passais la plupart de mon temps libre, sitôt sorti de l'école. Il faut dire qu'aller chez eux n'était pas bien compliqué, il me suffisait soit de descendre l'escalier de notre propre appartement (dont ils étaient propriétaires), soit, plus fréquemment, de passer par la fenêtre de notre salon que j'enjambais pour me retrouver dans leur cour arrière. Madame Rustan,  comme je l'ai toujours appelée, était ma grand-mère de cœur et elle me rendait au centuple l'affection que je lui portais. Tu m'aurais vu, ami lecteur, échanger pendant des heures avec elle et mon ami Christian. Dès la fin de l'école, pendant que ma mère travaillait encore, je passais la voir chaque soir, invariablement, pour boire l'orangeade, boisson madeleine de Proust par excellence, pour faire mes devoirs et regarder les cultissimes dessins-animés de mon enfance. Moi, l'enfant timide et solitaire, j'étais si bien en compagnie de cette dame si bienveillante qui me trouvait toujours des qualités même là où il n'y en avait probablement pas. Avec Christian, j'ai eu très tôt le goût de la lecture et j'ai pioché plus que de raison dans ses livres de poche. J'étais véritablement comme chez moi et si je n'ai pas une anecdote en particulier en tête, c'est vraiment dans le salon de Madame Rustan que j'aurai passé de merveilleux moments des années durant. Elle me manque.

Autre lieu lié à l'enfance : Emerainville, en Seine-et-Marne. L'allée du temps qui passe. Quel beau nom de rue, tu ne trouves pas ? C'est dans cette maison que j'ai passé mes plus belles vacances de Noël. J'étais déjà ado ou pré-ado en ce temps là et je ne te raconte pas quelle frénésie c'était à chaque fois dans ma tête lorsque j'arrivais en gare d'Austerlitz. Là, je retrouvais mon oncle Christian, ma tante Christine, mes deux cousins Christophe et Guillaume et le chien (Christmas puis Gipsy puis Huchka dite "La Huche", j'espère ne pas en avoir oublié en route). Et c'était parti pour deux semaines de malade où j'étais comme un coq en pâte au milieu de gens que j'aimais plus que tout. Dans la tête du gosse que j'étais, c'était un peu "Noël à Paris", quoi, c'était pas rien ! Les grosses bouffes en famille, les apéros à répétition dès que je fus en âge de les apprécier, les cadeaux, les vrais, ceux qui s'offrent sans chichis et qui émerveillent encore, les huitres, l'esprit de fête et les grasses matinées réparatrices qui vont bien. Jean-François, Chantal, Mémé Lapin et les filles, que du bonheur. Nathalie, adorable gamine, trop vite disparue. Simone, Papi Brossard. Tant de gens qui m'ont ouvert leur porte et leur cœur.
Bon, pour la petite anecdote (et pour rester en phase avec le sujet du maître), il faut quand même que je te parle de Claire. Bon, j'étais ado en ce temps là et cette fille me faisait clairement de l'effet. Une fille sportive et lumineuse qui voulait, rêve avorté entretemps, devenir pilote de ligne. La revoir chaque année était un vrai plaisir et une vraie attente. Et une vraie déchirure lorsque les vacances s'achevaient. Enfin, pour moi. Je n'ai jamais su quels étaient ses "sentiments", je crois qu'elle m'aimait bien vu le temps que nous essayions de passer ensemble à chaque fois mais bon, c'est quoi deux semaines dans une année ? Le reste du temps, nous correspondions. Ca a duré un certain temps puis nous avons perdu contact, il faut dire que je ne venais plus sur Paris aussi systématiquement et que nous grandissions chacun de notre côté. Au final, nous n'avons même pas réellement flirté mais Claire restera pour moi un excellent souvenir. Elle aura pleinement contribué à rendre ces périodes déjà joyeuses de Noël heureuses.

Tu me suis toujours ami lecteur ? J'espère que tu ne t'ennuies pas. Le problème, dans les souvenirs que l'on remue, c'est qu'il peuvent n'intéresser que la personne qui les a vécus. Donc, si c'est barbant pour toi, tu me le dis, surtout. Ou mieux. Plains-toi directement auprès de Christian qui a tant insisté pour que je te mêle à cette séance rétrospective et introspective si passionnante. En attendant, il est temps de nous rendre dans le troisième lieu qui a baigné une partie de mon enfance. C'était chez l'une de mes tantes, pas celle dont le mari m'enfermait dans la cave, non, une autre, plus gentille et qui me laissait vaquer à mon occupation favorite : le dessin. Ma tante habitait (et habite toujours aux dernières nouvelles d'il y a une bonne douzaine d'années) une ferme isolée de construction plutôt récente. Il y avait là une grande terrasse ombragée et une table longue qui n'attendaient que moi. J'amenais des tonnes d'encyclopédies animalières émanant des bibliothèques de la maisonnée et je passais les après-midi de mes vacances d'été à reproduire toutes sortes de mammifères. Je me demande bien quelle gueule cela pouvait avoir au final mais je me régalais. Le dessin a d'ailleurs eu une place prédominante chez l'enfant que j'étais. Dommage que certains adultes aient cru bon par la suite de m'en détourner mais bon, on ne réécrit pas l'histoire. Dommage aussi que ma centaine de vieux cahiers de dessins se soit volatilisée au détour d'un grand "nettoyage de printemps". J'aurais tellement aimé avoir un regard d'adulte sur tout ce que j'avais griffonné étant gosse. Les parents qui ne gardent rien, c'est quand même terrible...

Voilà. Difficile de conclure ce type d'exercice. On prend des bribes de vie, on se les rappelle à notre bon souvenir, on y revient sans trop savoir ce qu'on en a véritablement gardé au fond de soi. Merci à toi lecteur de passage ou de tous mes écrits d'avoir compulsé avec moi quelques pages du livre de ma vie, aussi pompeux que cela ait pu être. Bien à toi.
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