D’abord, tu commenceras par toussoter.
Puis tu t’étoufferas. Ce faisant, tu iras précipitamment dans la salle de bain,
et là, dans la glace, tu verras ton visage s’empourprer. Tu sentiras alors des
gouttes de sueur perler sur tes tempes. Tu déferas nerveusement ta cravate,
puis le haut de ta chemise. Tu boiras abondamment mais rien n’y fera mon amour.
Tu sentiras ta langue se figer en arrière et tu ne pourras bientôt plus
respirer. Tu glisseras lentement le long du lavabo en essayant de t’agripper
vainement à quoi que ce soit. Tu ramperas finalement sur le sol froid maculé de
ta sueur. Maculé de ta vie qui s’écoule. Tu regarderas hébété le plafond puis
tu me verras au dessus de toi. Avec horreur, tu verras se dessiner sur mon
visage un sourire. Et tu comprendras sale enfoiré. Tu comprendras ce que je t’ai
fait, après toutes ces années de souffrances, de violences. Tu feras un « O »
pathétique avec ta bouche et tu sentiras les larmes qui te montent aux yeux.
Des larmes de peur, peut-être de colère. Et tu me détesteras comme jamais tu
n’auras détesté quelqu’un. Tu me haïras surtout d’avoir gagné finalement, de
m’être libérée de ton étreinte. Tu me procureras alors une joie intense,
absolue, même si trop courte. Car très vite, tu mourras, une dernière lueur
passée dans ton regard.
Et alors seulement, tu me rendras ma
liberté…
Vous l'aurez compris, dans cet atelier le "tu" et le futur étaient imposés sur un exercice court dont le thème était libre.
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