Bonjour et bienvenue sur ce nouveau blog qui regroupe désormais l'ensemble de mes écrits passés. A présent, j'espère bien pouvoir l'enrichir de temps à autre de textes inédits. Vous trouverez dans le menu de droite deux catégories : les nouvelles et les ateliers d'écriture. Après, il n'y a pas d'ordre de lecture particulier donc, si mes textes ne sont pas trop mauvais, faites-vous plaisir !
Je le dis à chaque fois : cet espace est aussi le vôtre. Vos retours sont importants pour me permettre de progresser et de persévérer.
Bonne visite et à bientôt !

Atelier 3

Ce matin-là, en me réveillant, j'ai tout de suite ressenti que quelque chose était différent mais quoi exactement ?

Le lit. Je m'étais retourné et il n'avait pas grincé. C'était bien la première fois qu'il ne grinçait pas au moindre mouvement. Mais il n'y avait pas que ça. C'était autre chose... Plus qu'une intuition...
Je décidais d'en avoir le cœur net et me levai précipitamment. Le lit ne broncha pas davantage. Pas plus que l'escalier en bois lorsque je descendis les marches quatre à quatre après avoir négligemment enfilé ma robe de chambre. La vérité était que... je n'entendais aucun son ! Je ne comprenais pas... étais-je devenu sourd en l'espace d'une simple nuit ?

J'ouvris la porte d'entrée et je n'entendis pas non plus le cliquetis si caractéristique des clefs dans la serrure. La lumière matinale inonda immédiatement le hall d'entrée. Tout aurait semblé normal s'il n'y avait eu ce silence. Quelques oiseaux virevoltaient déjà dans le ciel mais pas le moindre chant. La nature était tout autant silencieuse.

Une voiture passa au loin sans émettre le moindre son. Je ne savais pas ce que j'avais exactement mais mon ouïe s'était volatilisée en quelques heures.

Je remontai me doucher dans un silence effrayant, m'habillai en quelques secondes, chaussai de vieux baskets et ressortis. Deux voisins étaient à présent dehors et se regardaient avec des airs terrifiés tout en faisant de grands gestes. Je ne comprenais rien à ce qu'ils se racontaient mais visiblement cela n'avait rien de marrant. Ils m'aperçurent alors et accoururent vers moi sans cesser de gesticuler. Je leur expliquai que j'étais bien incapable de les entendre et que j'irais voir un spécialiste dans la matinée mais au lieu de se calmer, leurs yeux s'écarquillèrent encore plus. L'un des deux griffonna sur un bout de papier et me le tendit. Et c'est là qu'horrifié je compris qu'ils n'entendaient pas davantage que moi. Ou nous étions tous sourds ou tous les sons avaient disparu.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous les trois dans mon salon à nous échanger des bouts de feuille pour communiquer. Une chape de plomb semblait nous être tombé dessus. Pour ma part, j'étais extrêmement las, malgré la douche. Des dizaines de questions se bousculaient dans ma tête. Mes voisins n'étaient guère mieux, complètement hagards. Nous fixions sans vraiment les voir nos tasses de café. Par la fenêtre, je voyais désormais d'autres personnes affolées et courant dans tous les sens. Les chiens de ces bâtards du 1 aboyaient tout en restant inaudibles, c'était vraiment bien le seul avantage de cette situation.Visiblement, nous étions tous concernés par le phénomène. Je n'osais pas imaginer jusqu'où il pouvait s'étendre mais j'espérais vraiment que l'épisode serait aussi bref qu'il était douloureux mentalement.
La situation était si incroyable que je n'avais plus le moindre doute quant au fait que j'allais forcément me réveiller. Je n'avais qu'à me montrer patient. Mais en attendant, ce cauchemar portait bien son nom.

Bon... quelques mois plus tard, après que je me sois réveillé des dizaines de fois dans le même état, je m'étais fait une raison. Un cauchemar certes, mais tout éveillé et sans limitation de durée. Aucun changement depuis ce fameux matin. Pas un son. Pas le moindre bruissement du vent. Pas le moindre clapotis de l'eau qui vit dans les rivières. Pas un rire d'enfant. Pas un aboiement au milieu des chiens qui dansent.

Un silence absolu et sans fin. Certains s'y étaient résignés, d'autres n'y parvenaient pas. Communiquer était devenu un chemin de croix. Papiers échangés de visu, mails à distance, langage des signes approximatif et à portée forcément réduite pour les plus vaillants, on avait vite fait le tour des solutions. Dans la vie de tous les jours, les désagréments n'en finissaient plus, des plus anecdotiques (comment diable se faire réveiller le matin, comment avoir une pintade bien cuite sans minuteur ?) aux plus tragiques (fermetures d'entreprises dues aux difficultés insurmontables de fonctionnement, diminution drastique des véhicules dans les rues pour cause d'accidents à répétition, malades qui décèdent dans les hôpitaux du fait d'infrastructures sonores désormais caduques). A la télévision, les dépêches étaient uniquement écrites et l'information était distillée au compte-goutte. De nombreuses chaines avaient cessé d'émettre. Il n'y avait plus de chanteurs et on parlait déjà d'un retour au cinéma muet. A l'échelle internationale, car telle était l'ampleur du phénomène, les guerres n'avaient rien perdu de leurs atrocités mais se déroulaient dans le plus grand silence. Pas un son ne sortait des bouches des civils décimés ou des troupes balayées. Les tanks dégueulaient leurs obus sans un bruit.

La vie économique ronronnait au ralenti dans un monde qui n'était plus fait pour elle. Quelque part, c'était le chaos. Certains retireraient probablement leur épingle du jeu dans ce flot d'incertitudes du lendemain tandis que d'autres sombreraient forcément faute d'avoir su ou pu s'adapter. Pour ma part, j'avouais avoir peur au quotidien. Soit nous étions tous sourds, soit tout ce qui était autour de nous avait perdu toute résonnance. La distinction n'avait guère d'importance. Tous nos acquis avaient volé en éclat. Nous, si puissants, désormais si impuissants.

Après reste l'inexplicable...


L'exercice était on ne peut plus simple niveau consignes : on me donnait la première phrase et la dernière du texte. Entre les deux, c'était à moi de jouer. J'ai fait ce que j'ai pu mais j'ai pris du plaisir !

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