Bonjour et bienvenue sur ce nouveau blog qui regroupe désormais l'ensemble de mes écrits passés. A présent, j'espère bien pouvoir l'enrichir de temps à autre de textes inédits. Vous trouverez dans le menu de droite deux catégories : les nouvelles et les ateliers d'écriture. Après, il n'y a pas d'ordre de lecture particulier donc, si mes textes ne sont pas trop mauvais, faites-vous plaisir !
Je le dis à chaque fois : cet espace est aussi le vôtre. Vos retours sont importants pour me permettre de progresser et de persévérer.
Bonne visite et à bientôt !

La Pendule

La pendule de la gare s’était immobilisée à 9h12, 21h12 en fait pour être précis.
Elle s’était arrêtée d’un coup, comme ça, depuis près d’une heure.

Il faisait nuit au dehors mais la gare était bondée comme jamais. Plusieurs centaines de personnes pestaient, regardant tour à tour la pendule arrêtée et un chef de gare impassible.

-Comment ça, le train ne peut pas partir ?
-Ben non, il n’est pas encore 21h17 et le train pour Bruxelles part à 21h17.
-Il n’est pas 21h17 ? Dites, vous vous fichez de moi, oui ? Il est plus de 22h !
-Ce n’est pas ce qu’indique la pendule, monsieur, continua le chef de gare, le nez plongé dans la liste des passagers du train Paris Bruxelles.
-La pendule ? Rugit l’homme. Mais elle est déglinguée votre pendule ! Vous le faites exprès ou quoi ?
-Moi, tant qu’il ne sera pas 21h17 à cette pendule, et à celle-ci seulement cher monsieur, je ne donnerai pas le départ du train.

Le monsieur en question, un petit gros écarlate, semblait trépigner sur place. Il était comme fou et il n’était pas le seul. Presque tous les passagers présents semblaient vouloir faire la peau du chef de gare, seuls quelques uns regardaient la pendule du coin de l’œil en espérant en vain que les aiguilles allaient enfin s’animer.

En attendant, le train restait à quai. Et la foule des mécontents ne cessait de se presser auprès du contrôleur zélé qui tenait invariablement le même discours :
-Revenez quand il sera 21h17.
-Mais… vous ne pouvez pas la réparer, votre pendule ? s’exclama une femme d’une quarantaine d’années, mais qui faisait plus du fait de son front plissé de colère.
-Cela ne fait pas partie de mes attributions madame.
-Bon, mais nous, on fait quoi en attendant ? s’écria un autre voyageur. Vous ne pouvez pas affréter un bus au moins ? Histoire que nous arrivions un jour en Belgique…
-Désolé mais cela est impossible monsieur. Nous affrèterions un bus si le train était en retard. Mais le train n’est pas en retard puisqu’il doit partir à 21h17 et qu’il n’est que 21h12, c’est pourtant simple, non ?

Le brouhaha ne cessait d’amplifier. Le chef de gare restait impassible.
-Vous croyez que ça m’arrange, moi, de supporter votre mauvaise humeur à tous ? Est-ce que je me plains ? Mon collègue vient me remplacer à 6h45 et ça fait une heure qu’il est 21h12. Bon. Est-ce que je me plains ? Eh bien non. Alors faites comme moi, prenez sur vous.

Excédés, les voyageurs sortirent finalement en masse de la gare sinon ils auraient fini par massacrer le chef de gare. Certains eurent quand même un sourire en coin en pensant à la nuit interminable qu’il allait passer.

Parce que… déjà espérer atteindre 21h17 semblait mission impossible… alors 6h45 ! ! !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire